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Seul 10% des ménages ont aujourd'hui la capacité d'acheter leur logement

La salle du Lausanne Palace a fait le plein. L’invitation de la BCV faite aux professionnels de l’immobilier doit peut-être moins son succès à un retour à la normale postpandémique qu’aux tensions sur le marché.

Inflation, taux hypothécaires à la hausse, ces questions ont été abordées par différents spécialistes de la banque vaudoise. La présence d’Andréa M. Maechler, membre de la direction générale de la Banque nationale suisse, pouvait aussi nourrir l'espoir d’un éclairage sur les décisions à venir quant à la fixation des taux de référence.

Les taux d'intérêt négatifs ont beau être apparus au début de 2015, on avait fini par s’y habituer. Les décisions des banques centrales de remonter ces taux afin de lutter contre l'inflation provoquent une certaine hébétude. «Personne n’a vu venir l’amplitude et la rapidité de cette hausse», lance Sébastien Roduit, responsable du département immobilier de la BCV.

Avec des taux d'intérêt revenus en quelques mois au niveau de ceux pratiqués en 2014, la question se pose de savoir quel serait l'impact d’une courbe grimpant jusqu'aux 3 ou 4% que l’on connaissait entre 2006 et 2008.

Le rendement en question

On n’en est pas là, mais la conjoncture inquiète. Car le maintien du rendement d’un parc immobilier dans ces conditions pose des questions qui n'ont pas trouvé de réponse toute faite.

C’est la réalité des promoteurs immobiliers, mais également celle des caisses de pension qui se sont tournées vers l’immobilier pour assurer les retraites.

La perspective des augmentations du prix de l’électricité et du chauffage pour l'hiver prochain n’a pas été évoquée, mais elle s’ajoute naturellement aux difficultés que pourraient connaître locataires et petits propriétaires.

C’est que les prix de l’immobilier ont grimpé dans la dernière décennie. Et la pandémie a accentué encore la volonté du public de devenir propriétaire. Mais cette envie n’est plus réalisable pour la majeure partie de la population.

«Seuls 10% des ménages ont aujourd’hui la capacité d’acheter leur logement», dit Sébastien Roduït. Selon les chiffres de la BCV, cette capacité s'élevaità 40% en 1998.

Prix surévalués

D’ailleurs la Banque nationale suisse (BNS) avait à coeur de prévenir les milieux immobiliers d’un risque. Avec une augmentation de 60% des objets de rendement depuis 2010, la surévaluation du marché semble palpable.

«Les prix sont entre 20 et 30% surévalués par rapport aux fondamentaux», indique Andréa M. Maechler, pointant une certaine vulnérabilité en cas de correction.

Et qu’adviendrait-il si l’on ne peut plus payer son loyer?

«Avec un taux à 3%, près de 30% des ménages avec une nouvelle hypothèque dépasseraient leur capacité financière», calcule la codirectrice de la BNS. 

Cette proportion bondirait à 60% avec un taux d'intérêt à 6% !

(Source Alain Détraz pour 24 Heures)